Chapitre 3 – Intégration, Enjeux sociaux et Santé : Vivre ensemble en harmonie

3.6. Soins médicaux et secteur hospitalier

Le Luxembourg dispose de l’un des meilleurs systèmes de santé au monde, mais cela ne signifie pas qu’il ne peut pas être amélioré et réformé.

Pour le CSV, des soins de santé accessibles à tous et adaptés aux besoins du patient sont la « conditio sine qua non », la condition nécessaire d’une société solidaire. Cela signifie que même, et surtout dans notre pays prospère, on ne saurait accepter des résistances au motif d’une pression fiscale accrue, à l’encontre de toute idée d’optimisation des prestations et structures existantes. Des améliorations doivent être apportées à notre système.

  • Au cours des 30 dernières années, malgré un grand désir de réforme du secteur hospitalier, une approche claire, globale et cohérente en matière de soins de santé n’a pas pu être développée. Un tel concept fait depuis longtemps défaut et sa mise en place constitue pour nous une priorité. Nous entendons développer un plan de santé basé sur cinq piliers: 1) la prévention, 2) les soins médicaux de base, 3) la planification hospitalière, 4) les soins ambulatoires et 5) les soins gériatriques.
  • Compte tenu des récentes discussions concernant le plan hospitalier, des dysfonctionnements qui ont été mis en évidence notamment dans le domaine de l’admission aux urgences et des soins aux patients, de la nécessaire intervention au niveau de la prise en charge des frais médicaux, mais surtout considérant les défis que représente une population croissante dans un environnement européen intégré et à l’ère numérique, le CSV est prêt à élaborer des propositions novatrices. Pour ce faire, il sera nécessaire de réformer de fond en comble le système de pilotage. Les adaptations à apporter devront, quant à elles, s’intégrer dans un plan global orienté vers le patient.
  • Notre objectif est une prise en charge efficace sans délais inacceptables et des soins dans un système cohérent et de plus en plus axé sur les structures ambulatoires.
  • Nous allons créer un organisme national de coordination et de pilotage, appelé « Gouvernance nationale de la santé ». Cet organe, qui réunira les parties prenantes, les partenaires sociaux, les compagnies d’assurance maladie et les représentants des patients, décidera sur la base de données de santé pertinentes et d’avis d’experts fiables des investissements nécessaires et de la répartition efficace des dépenses dans le système de santé. Un comité d’experts, le « Centre national d’expertise des soins de santé », leur sera mis à la disposition. Ce comité combine diverses fonctions et fournit régulièrement des recommandations indépendantes, scientifiquement fondées et actualisées dans le domaine des technologies de la santé.
  • Nous créerons un « Observatoire de la santé », qui évaluera systématiquement et de manière anonyme les données de santé, y compris les données excédant la sphère hospitalière. La saisie et l’évaluation des données se feront dans le respect scrupuleux des règles relatives à la protection des données. Les données seront intégrées dans une « carte sanitaire » nationale.
  • Nous voulons mettre de nouveaux accents dans le domaine de la prévention et du dépistage précoce et les intégrer dans un concept global et ciblé (p.ex. par une intégration déterminée dans les programmes scolaires ou une éducation régulière des adultes sur le lieu de travail), et qui tiennent compte des différentes catégories d’âges. De manière générale, il s’agit de promouvoir les compétences essentielles de vie et de santé dans le but de renforcer l’auto-prise en charge et d’améliorer l’hygiène de vie en général. Le médecin de référence doit jouer un rôle central dans ce contexte.
  • Nous entendons améliorer les services de soins ainsi que les services d’urgences dans les régions rurales. La répartition des pharmacies et leurs heures d’ouverture doivent être reconsidérées.
  • Nous voulons améliorer les services du laboratoire d’État.
  • Nous veillons à ce que la nomenclature médicale obsolète soit révisée et adaptée aux normes en vigueur.

Réduction des temps d’attente dans les services d’urgence

Nous allons attaquer résolument le problème des temps d’attente trop longs dans les services d’urgence des hôpitaux. Tout patient, qui se présente aux urgences, doit être traité aussi rapidement et efficacement que possible, et ce en fonction de la gravité de sa maladie.

  • Tous les services d’urgence doivent partant être opérationnels 24 heures sur 24. L’organisation interne des services d’urgence et des services cliniques adjacents doit assurer un diagnostic et un début de traitement rapides.
  • L’interface entre le domaine ambulatoire du service d’urgence et celui des soins stationnaires spécialisées est, dans ce contexte, élémentaire. Il faut partant s’assurer que le système dispose des ressources nécessaires et que les ajustements nécessaires soient effectués.
  • Nous fournirons les fonds nécessaires à l’achat d’équipement supplémentaire d’imagerie par résonance magnétique (IRM) et, au besoin, nous prolongerons les heures d’ouverture afin de réduire les temps d’attente inacceptables pour ces examens.
  • Les centres de diagnostic tels que les scanners, les radiographies, les IRM, etc. doivent pouvoir être offerts également en ambulatoire à l’extérieur d’une structure hospitalière.
  • Nous allons promouvoir la création de cabinets multidisciplinaires communs intégrés régionalement. Nous allons étendre le système des « maisons médicales ». Une telle mesure devrait permettre d’aboutir à une offre en soins médicaux de base suffisant dans toutes les régions. L’allongement des heures d’ouverture des maisons médicales devrait permettre de décharger le service des urgences. Le système du médecin de référence, qui vise actuellement surtout les patients atteints d’une maladie de longue durée, doit être étendu partout et pour tous afin de garantir des soins de base, en particulier en médecine préventive. A l’aide d’une fiche de prévention clinique (telle qu’elle existe à l’étranger notamment au Canda), il devrait être possible d’établir un plan de prévention individuel pour chaque patient.
  • Nous allons promouvoir le virage ambulatoire dans notre système de santé. Il s’agit d’externaliser les examens et les traitements actuellement assurés dans les hôpitaux vers des centres de diagnostic et de traitement décentralisés. Ce changement présenterait plusieurs avantages pour le patient : des examens diagnostiques simples comme les radiographies, le scanner ou l’IRM, mais aussi des endoscopies simples pourraient être réalisées à proximité du domicile du patient. Même des interventions chirurgicales mineures seraient possibles dans ce cadre. Le cadre ambulatoire est plus personnel et gérable et, grâce à la gamme complète et décentralisée des services, l’accès est plus rapide et plus pratique.

Création de structures intermédiaires et renforcement des hôpitaux

  • Nous allons, sous ces aspects, redéfinir le rôle des hôpitaux. Ces derniers doivent former l’épine dorsale d’une prise en charge maximale, le tout dans un système de synergies coordonnées entre les milieux ambulatoires et stationnaires: les blessures graves, les soins intensifs et le traitement de maladies complexes y sont réalisés au plus haut niveau.
  • Des centres d’excellence doivent en outre être créés dans les milieux hospitaliers où des maladies spécifiques sont traitées selon les normes de qualités les plus élevées.

Notre objectif est de créer le meilleur et territorialement le plus étendu service de santé. Nous ne voulons cependant pas mettre les différents hôpitaux dans une situation de concurrence malsaine. Si une telle évolution aura pour conséquence de réduire le besoin de lits de soins aigus dans le secteur hospitalier, le besoin en matière de structures intermédiaires (pour les patients qui, sans devoir bénéficier de soins aigus, sont trop malades pour rentrer à la maison et y être soignés), de structures pour des traitements ultérieurs (réadaptation) et de structures d’accueil (pour les patients dont l’état ne peut plus être amélioré) augmentera quant à lui. Le développement de ces structures doit se faire en étroite collaboration avec les structures hospitalières.

Le Collège médical et le Conseil supérieur pour certaines professions de santé doivent être réformés et bénéficier d’une plus grande autonomie.

La formation des médecins et des professionnels de la santé sera développée.

La santé mentale : une condition préalable au bien-être

La santé mentale constitue un élément clé de la santé humaine. Elle comprend des aspects tels que le bien-être, la satisfaction, la confiance en soi, la capacité à établir des relations, ainsi que la capacité à faire face à la vie quotidienne et celle à travailler.

Les troubles mentaux et le stress psychosocial font partie des plus grands défis auxquels doit faire face la santé publique. Une personne sur quatre au moins sera affectée par des problèmes de santé mentale une fois dans sa vie. Les classes socialement défavorisées le seront beaucoup plus fréquemment. Les maladies mentales représentent près de 20 pourcent des charges des maladies, et la tendance est à la hausse.

Les maladies psychosociales dans le monde du travail prennent de plus en plus d’ampleur. Selon l’IGSS, la dépression et les maladies liées au stress représentent plus de 23 % de l’absentéisme à long terme, 5 % des maladies et de 17 % des congés de maladie.

  • Nous proposons d’élaborer un plan d’action national pour le maintien et la promotion de la santé mentale. Un tel plan ferait partie intégrante du plan national de santé.
  • Ce plan nécessite un guidage intersectoriel par un comité de pilotage (domaines politiques: santé, sécurité sociale, famille, éducation, justice, emploi, logement, développement durable et environnement) ayant une approche cohérente, inclusive et participative.

Les plans d’action existants ou futurs devraient être pris en compte (promotion de la santé affective et sexuelle, « Gesond iessen, méi bewegen » (« manger sainement, bouger davantage »), prévention du suicide, prévention de la violence domestique et de la violence à l’école, plan national de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent, plan national contre le harcèlement scolaire et la cyber-intimidation, promotion de la santé et la sécurité au travail, lutte contre l’alcool, le tabac et les drogues et les dépendances, l’hépatite, le sida, les cyber-maladies, la stratégie nationale contre le sans-abritisme et l’exclusion liée au logement, la démence).

D’une manière générale, il convient de promouvoir les compétences de vie et de santé, en se basant sur la meilleure éducation scolaire possible, afin de renforcer l’auto-prise en charge (Salutothérapie) et d’améliorer ainsi l’hygiène de vie en général.

  • La priorité absolue doit être accordée au domaine d’action de la (petite) enfance et de la jeunesse.
  • Nous allons orienter la médecine préventive de telle manière à ce qu’elle corresponde aux objectifs fixés et tienne compte de l’âge de la personne concernée. La prévention du stress doit être renforcée. La psychiatrie doit, quant à elle, également jouer un rôle préventif plus important. Notamment la psychiatrie infantile et juvénile. Elle ne peut et ne doit pas jouer le rôle de « l’extincteur de feu ». Elle doit avant tout une orientation clinique. Elle doit être considérée comme faisant partie de la psychiatrie familiale et doit être connectée avec les mesures prises au niveau de la famille ou dans d’autres domaines.
  • Un réseau social intact, comme base du bien-être, devant être promu. Le CSV veut améliorer les soins psychiatriques et garantir une chaîne de traitement complète pour les patients. Dans la lutte contre les dépendances, nous défendons une politique coordonnée qui prend également en compte les nouvelles formes de dépendance.
  • Le CSV a soutenu la loi sur l’utilisation médicale du cannabis comme traitement adjuvant pour diverses maladies sur la base des dernières découvertes scientifiques. Nous nous engageons à ce que les caisses d’assurance maladie légales couvrent les coûts de ce type de thérapie.

L’adéquation et l’efficacité de la loi doivent être contrôlées par le biais d’une étude anonyme. Des ajustements seront, au besoin, apportés à la liste des indications.

  • Le CSV rejette la légalisation de l’usage récréatif du cannabis dans les circonstances actuelles, car la législation de nos pays voisins créerait des obstacles pratiques insurmontables quant à notre exposition au tourisme de la drogue. Nous sommes toutefois favorables à ce qu’un bilan de la situation actuelle au Luxembourg soit dressé et nous restons ouverts à des discussions ultérieures.

Du personnel bien formé comme garant d’une qualité de haut niveau et d’une prise en charge interdisciplinaire

La formation et la formation continue obligatoire du personnel soignant, adaptée aux nouvelles exigences, constituent la conditio sine qua non d’une prise en charge de qualité.

L’attrait des professions existantes devrait être amélioré via des incitations spécifiques (par exemple, la profession d’infirmier psychiatrique, les gériatres, les spécialistes psychosomatiques, les médecins palliatifs, les médecins du travail) et les nouvelles professions nécessaires (par exemple, les infirmiers gériatriques) devraient être rendues possibles. Nous allons remédier à la pénurie en personnel soignant qualifié en créant des postes de formation supplémentaires pour les professions de soins de base (comme aide-soignant). Nous entendons sensibiliser les jeunes tôt sur la possibilité d’embraser ce genre de profession.

Certaines professions thérapeutiques complémentaires devraient être réglementées au sein des professions de santé, et ce en accord aux offres et aux exigences professionnelles de nos pays voisins.

Un nouveau dynamisme grâce au « Health Hub »

Nous voulons développer le Luxembourg en tant que plaque tournante internationale de la santé, en tant que « Health Hub » international. Les interfaces entre les structures de recherche et de formation et la médecine clinique sont de cette façon optimisées, de sorte que patients puissent mieux et plus rapidement bénéficier des résultats de la recherche. Les problèmes que la pratique clinique quotidienne rencontre pourraient faire l’objet d’une recherche plus efficace.

Grâce à des liens étroits entre avec la recherche, l’enseignement et la formation, notamment grâce à des échanges permanents et des comparaisons au niveau international, ce qui profite directement aux patientse dans le domaine des soins de santé.

Les soins ambulatoires et hospitaliers connaîtront un gain sensible en termes d’innovation et de qualité grâce à la connexion étroite à la recherche, l’enseignement et la formation, et notamment grâce à des échanges et comparaisons permanentes au niveau international dont profite directement le patient. Dans un tel environnement se développera une dynamique qui positionnera le Luxembourg pendant des décennies pour devenir une plate-forme internationalement connue et reconnue pour toutes les questions de médecine et de soins de santé.

La recherche doit être placée dans un cadre juridiquement et éthiquement contraignant.