Chapitre 4 – Aménagement du territoire et Infrastructures : Préparer le pays aux défis de demain

4.1. Aménagement du territoire

Pendant les cinq dernières années, il n’y a pas eu assez d’efforts concrets dans le domaine de l’aménagement du territoire. Beaucoup de temps précieux a été perdu. Le besoin d’agir est partant grand. Ceci d’autant plus, qu’en avril 2018, le pays a franchi le cap des 600.000 habitants.

L’aménagement du territoire ne peut se permettre de courir après l’évolution démographie, de rester derrière elle.

A l’avenir, l’aménagement du territoire doit être abordé de manière concrète et cohérente. Les faiblesses sont à la fois de nature conjoncturelle et structurelle.

Au niveau structurel, il s’agit pour l’essentiel de déficits déjà connus qui pèsent d’autant plus lourd aujourd’hui :

  • La possibilité de recourir à un arbitrage interministériel fait toujours défaut.
  • Il manque des ressources financières substantielles pour mettre en œuvre une politique d’aménagement du territoire cohérente.
  • L’interaction entre les décideurs locaux et nationaux (ministères, administrations) et la conditio sine qua non d’un aménagement de territoire réussi.
  • Il manque également une vision transfrontalière au niveau de l’aménagement de territoire.
  • Au niveau conjoncturel, la croissance rapide du pays a poussé l’aménagement du territoire à jouer un rôle passif. L’évolution territoriale n’a pas su suivre la croissance démographique.

Le CSV veut agir tant au niveau conjoncturel que structurel pour que le Grand-Duché soit du point de vue de l’aménagement du territoire prêt pour l’avenir.

Nos solutions au niveau structurel :

  • L’aménagement du territoire doit être doté de ressources financières suffisantes pour pouvoir mettre en œuvre la politique souhaitée notamment par le biais d’incitations concrètes. Font partie de telles incitations, les subventions pour les communes.
  • La priorité doit être accordée aux plans directeurs sectoriels qui doivent avancer ainsi qu’à la réforme territoriale qui y est associée. Celle-ci implique, en contrepartie, une réduction substantielle du nombre de communes.

Nos solutions au niveau conjoncturel :

  • Il n’y a plus de temps à perdre au niveau de l’aménagement du territoire. A l’avenir, le développement spatial doit se concentrer sur la soi-disant épine dorsale centrale Nord-Sud. Il s’agit d’une part, de l’agglomération autour de la Ville de Luxembourg ainsi que de la région Sud qui vient s’y raccorder et d’autre part, de la vallée de l’Alzette et de la région de la Nordstad. Ce développement doit s’accompagner d’une offensive dans le domaine de la mobilité.
  • Afin de pouvoir atteindre ces objectifs, il faudra que les acteurs dans le domaine de la mobilité – les responsables de l’administration des ponts et chaussées et ceux des transports publics – et ceux de l’aménagement du territoire unissent leurs forces et travaillent tous ensemble dans la même direction.
  • Au-delà des l’épine dorsale Nord-Sud, il faudra également développer les zones rurales de manière cohérente et en particulier, les communes qui ont été identifiées comme « centres de développement et d’attraction (CDA) ». Ces communes pourront contribuer à soulager les agglomérations urbaines. Une attention particulière pourrait être accordée aux grandes communes proches des frontières en y créant davantage d’emplois dans ces communes. Une telle évolution permettrait d’endiguer partiellement le flux de circulation.
  • La Nordstad doit enfin devenir réalité. Les obstacles au niveau politique doivent être surmontés pour que la Nordstad puisse enfin devenir la capitale régionale du nord du pays – avec Wiltz et Clervaux en tant que villes satellites dans l’intérêt de la population rurale.
  • Le développement de l’épine dorsale centrale Nord-Sud doit être accompagné d’une offensive adaptée au niveau du logement. L’Etat doit s’impliquer dans ce contexte en tant que promoteur notamment dans le domaine de la création de logements locatifs. Ceci signifie que les politiques nationales de logement et d’aménagement du territoire doivent être coordonnées aussi étroitement que possible et les ministères respectifs doivent travailler en étroite collaboration.
  • Afin que l’aménagement du territoire reçoive l’importance qu’il mérite face à une croissance soutenue, il doit s’accompagner de mesures fiscales, et ce notamment dans les domaines du foncier et de la consommation du foncier (à des fins non-agricoles).
  • Au niveau communal, le développement territorial durable selon les principes de l’aménagement du territoire doit être récompensé financièrement. Ceci signifie que les petites communes rurales, qui doivent croître dans une moindre mesure, soient adéquatement récompensées, le tout conformément aux objectifs de la réforme territoriale.
  • La région frontalière ne doit pas être négligée, alors qu’elle est devenue une sorte d’arrière-pays du Grand-Duché, de nombreux Luxembourgeois s’y étant installés. Des projets transfrontaliers dans le domaine de la mobilité doivent à l’avenir être cofinancés. Les projets routiers ne doivent pas, dans ce contexte, être exclus dès le départ.
  • La région frontalière ne doit pas non plus être ignorée au niveau économique. En effet, des opportunités de synergies pourraient s’ouvrir ici pour certains clusters et domaines économiques pour lesquels le Grand-Duché ne dispose pas de surface suffisante.