Chapitre 2 – Economie, Travail et Emploi : Innovation en tant que facteur clé de la compétitivité

2.3. Agriculture

Le Luxembourg et l’agriculture ne sont pas seulement liés étroitement d’un point de vue historique. L’agriculture est également un secteur économique important. Pour le CSV, il est clair que nous avons besoin non seulement d’un ministère de l’Agriculture propre, mais d’un ministère qui puisse agir et prendre des décisions indépendantes.

La participation est d’une grande importance également en matière d’agriculture. Nous voulons institutionnaliser les réunions régulières avec les acteurs concernés du monde agricole.

Une sécurité alimentaire renforcée fait partie intégrante de la croissance qualitative que nous envisageons pour notre pays. Notre agriculture peut ainsi contribuer de manière significative à notre qualité de vie.

Au niveau de la production alimentaire, nous ne devons plus continuer de dépendre de l’extérieur.

Nous devons soutenir l’agriculture qui agit en accord avec la nature, la production alimentaire, la transformation et la commercialisation de nos produits. Un lien/une coopération renforcé(e) entre le consommateur et le producteur permettra de mettre en place un système de production agricole qui soit durable et conforme à l’intérêt de la population luxembourgeoise.
Les intérêts nationaux du secteur agricole sont étroitement liés aux décisions prises au niveau européen. Le CSV s’engage en faveur d’une politique agricole commune forte.

  • Nous utiliserons pleinement notre marge de manœuvre nationale pour soutenir nos agriculteurs et nous nous exprimerons, dans la mesure du possible, contre de nouvelles réductions financières au niveau du budget agricole.
  • Nous nous engageons à mettre en œuvre rapidement la prochaine réforme de la politique agricole.

Pour une production agricole diversifiée et compétitive

Les exploitations agricoles exploitées à titre principal et secondaire sont importantes pour l’agriculture luxembourgeoise. Le Luxembourg a besoin à la fois de l’agriculture conventionnelle intégrée et de l’agriculture biologique. Les deux branches doivent être soutenues.

Le Luxembourg a néanmoins davantage besoin d’exploitations agricoles qui fonctionnent selon les critères et normes biologiques.

  • Afin de pouvoir évaluer correctement la demande concrète de produits biologiques au Luxembourg, une analyse de marché doit être réalisée. Une autre analyse auprès des agriculteurs doit permettre d’identifier les raisons pour lesquelles si peu d’agriculteurs franchissent le pas pour passer à une production biologique.
  • Le CSV veut revoir le plan d’action de la promotion de l’agriculture biologique, afin d’augmenter la part des produits alimentaires biologiques issus de la production luxembourgeoise.

Les produits régionaux rapprochent consommateurs et agriculture

Le caractère régional est essentiel pour l’agriculture indigène. Nous voulons promouvoir le caractère régional de manière ciblée.

Nous proposons les mesures suivantes :

  • Développement d’un concept marketing pour nos produits régionaux.
  • « Match Maker » pour l’agriculture.
  • Soutien des programmes LEADER.
  • Augmentation de la part de produits régionaux dans la restauration collective (meilleur bilan CO2 en raison des courtes distances que les aliments parcourent).
  • Promotion du marketing direct.
  • Campagnes d’information et de sensibilisation / communication sur l’agriculture.
  • Promotion d’initiatives afin d’améliorer l’image de l’agriculture et de fournir des informations au grand public sur ce secteur économique.
  • Coopération étroite entre les exploitations agricoles et les écoles au niveau communal (préparation de matériel didactique spécifique).
  • Adaptation du projet de loi relatif à l’agrément d’un système de qualité ou de certification des produits agricoles en coopération avec le secteur en vue d’améliorer la commercialisation des produits régionaux de qualité.
  • Promotion des entreprises actives dans la transformation et la commercialisation des produits alimentaires régionaux. Les méthodes innovantes telles que la robotisation et les machines économes en ressources seront particulièrement soutenues.
  • Elaboration d’un plan d’action pour l’agriculture et l’industrie alimentaire régionale.
  • Intégration des produits régionaux dans la plateforme de commerce électronique « Letzshop.lu. ».

Nous voulons que l’agriculture soit préparée pour l’avenir.

  • La « Maison de l’agriculture » qui sera créée sur le site du lycée technique agricole de Gilsdorf agira comme centre de compétence et d’innovation et constituera un organisme de référence. La Chambre d’agriculture et certaines administrations agricoles trouveront leur place au niveau de ce centre de compétence et ce dans le sens de la plus grande proximité et de la plus grande coopération possible entre les différents acteurs du secteur.
  • Le système de consultation actuel va être analysé, adapté et élargi en raison de l’importance des services de conseil.
  • Un centre de conseil en matière d’innovation doit être mis en place afin que les agriculteurs puissent disposer d’un interlocuteur concret en la matière.
  • Pour le CSV, l’attention devra également être portée sur la formation initiale et continue des agriculteurs qui devront progresser de manière constante.
  • Le système d’aide à l’investissement doit être révisé. La croissance qualitative est aujourd’hui bien plus importante que la croissance purement quantitative, en particulier dans le secteur agricole.
  • La digitalisation de l’agriculture sera promue, et ce dans le sens d’une gestion agricole plus efficace et une production plus respectueuse de l’environnement. Outre les investissements nécessaires, il faudra créer à l’attention des agriculteurs des bases de données agricoles générales.
  • Le CSV propose d’intégrer le congé de paternité (« Pappe-Congé ») dans le cadre du régime des aides aux exploitations.
  • Un soutien particulier sera accordé aux jeunes agriculteurs. Un point de chute dédié exclusivement aux jeunes agriculteurs sera créé.

L’agriculture a besoin d’innovation

Au regard d’idées commerciales nouvelles et singulières, il importe d’accorder à l’innovation dans le secteur agricole une importance accrue. Les performances environnementales devront être commercialisées de cette manière.

  • Les productions à faible degré d’autosuffisance (culture maraîchère, élevage de volailles…) seront soutenues de manière ciblée par le CSV.
  • Les problèmes, qui existent actuellement dans le domaine de la culture maraîchère, devront être abordés et des solutions élaborées.
  • Nous allons promouvoir de manière ciblée le développement de nouveaux produits et leur commercialisation. Une coopération avec « Luxinnovation » est souhaitable.
  • Le PEI (« Partenariat européen d’innovation et de recherche pour la productivité et le développement durable de l’agriculture ») doit être élargi et davantage utilisé.

Simplification administrative

Les tâches administratives ne cessent d’augmenter pour les agriculteurs. Une analyse, à effectuer ensemble avec tous les acteurs du secteur agricole, doit permettre d’identifier les domaines dans lesquels des simplifications sont possibles, et ce conformément aux exigences de l’UE.

  • Dans le domaine des autorisations de construction, un « guichet unique » doit être créé comme point de chute pour les agriculteurs (les réglementations et procédures administratives actuelles doivent être simplifiées) ;
  • Dans le domaine du « Flächenantrag », une demande conjointe pour toutes les subventions et primes sera élaborée. Dans ce contexte, la création de points de chute régionaux est indispensable ;
  • Un « guichet unique » devrait également servir de point de chute en cas de reprises d’entreprises ;
  • Dans l’intérêt d’une disponibilité rapide des données comptables, les administrations doivent être optimisées.

Politique agricole est politique environnementale

L’agriculture et l’environnement sont étroitement liés. La protection de l’eau et de la nature font également partie des missions de l’agriculture.

Pour atteindre les objectifs fixés en matière de protection climatique, de l’environnement et de l’eau, il est indispensable de coopérer avec l’agriculture. Il ne doit plus être possible de prendre des décisions sans consultation du monde agricole.

Nous aurons besoin dans ce contexte d’un système de suivi efficace et objectif qui permette de déterminer les objectifs communs à atteindre en matière de protection climatique, de l’environnement et de l’eau.

Une protection de la nature active présuppose des incitations positives, des conseils ciblés et la disponibilité d’alternatives. Un soutien supplémentaire aux agriculteurs devrait également être possible via le fonds pour la gestion de l’eau et le fonds climat et énergie.

Les incitations financières seules ne suffisent pas. La recherche dans le secteur de l’environnement doit être encouragée, y compris en vue de la réduction de l’utilisation de pesticides. Les résultats scientifiques doivent être appliqués plus rapidement dans la pratique. Les technologies dites « durables » ou pouvant être classées comme telles, doivent par ailleurs être promues de manière spécifique via la loi du 27 juin 2016 concernant le soutien au développement durable des zones rurales.

  • Bien que marginal, l’incinération à l’air libre des déchets de verdure, n’est pas un problème à sous-estimer. Nous voulons analyser les réglementations actuelles en tenant compte de leur empreinte énergétique. Au besoin, elles seront adaptées. Des dérogations pourraient par exemple être envisagées pour les surfaces qui ne peuvent pas être atteintes par les machines agricoles.
  • Avec les nouvelles délimitations des « zones défavorisées », il importe d’éviter autant que possible tout patchwork, afin que les indemnités compensatoires puissent continuer à être versées systématiquement.
  • Les programmes agro-environnementaux et ceux relatifs à la protection de la nature doivent être encouragés indifféremment de manière ciblée. Le ministère de l’Agriculture doit être l’interlocuteur des agriculteurs pour tous les programmes qui leur sont destinés.
  • Au Luxembourg, la consommation foncière est élevée. Les terrains à forte valeur agricole situés en dehors des zones protégées ou réserves naturelles, ne peuvent plus servir à des fins de compensation.
  • L’actuel système « d’éco-points » fera l’objet d’une analyse et sera, le cas échéant, adapté dans le sens d’une compensation plus extensive (accompagné d’une consommation foncière plus faible). C’est surtout dans ce domaine qu’il faudra développer des idées innovantes.
  • Étant donné que les exploitations agricoles, situées dans les localités, se voient de plus en plus confrontées à des problèmes de voisinage, il importe que la volonté de s’implanter en zone verte ne s’accompagne pas de réglementations inutiles. La notion d« activité agricole » ne doit pas être interprétée de façon trop étroite. Des alternatives doivent également être possibles dans la zone verte.
  • Le « plan d’action et de gestion relatif au loup au Luxembourg » doit être révisé au niveau des mesures de prévention et de compensation.